Déguster avec les yeux

ode à mes grands mères

Il y a des goûts qui n’appartiennent qu’à l’enfance, des saveurs capables de traverser le temps et l’espace pour nous ramener à des instants que l’on croyait perdus. Une soupe parfumée, une cuillère de riz croquant, un gigot d’agneau : ces mets simples sont des souvenirs gravés dans nos âmes, bien plus profonds que de simples recettes.

Dans ma mémoire, les cuisines de mes grands-mères sont des sanctuaires. En Équateur, deux d’entre elles préparent mes soupes et ceviches préférés avec patience et amour, guidées par des gestes ancestraux. L’autre, en Provence, mêle saveurs méditerranéennes et italiennes, créant des plats empreints d’un amour différent. Dans les deux cas, les saveurs deviennent des langues secrètes, des façons de dire « je t’aime » sans mots.

L’arôme d’une humita chauffée, la douce odeur des gratins de ravioles ou l’intensité d’un bolón de verde réveillent en moi des souvenirs joyeux, des récits d’enfance. Ces plats sont des ponts entre mes deux mondes et un langage universel de l’amour.Aujourd’hui, photographe culinaire et cuisinière dans un restaurant, je continue de bâtir ces ponts à ma façon. Chaque image, chaque plat raconte une histoire, une émotion, un lien. Cette double passion est ma façon de perpétuer ces héritages, en capturant et partageant ces saveurs qui unissent les cœurs et traversent les frontières.